DÉCÈS DE L’ACTEUR JOSEPH MOMO
Joseph Momo, acteur camerounais de cinéma en France et chanteur, jadis sollicité pour des prestations dans de nombreuses productions cinématographiques françaises des années 80-90, avec une exposition qui culmine dans le film “La légion saute sur Kolwezi” où il officie avec un certain Gerard Essomba, est décédé le 07 octobre dernier en France où il a pratiquement passé toute sa vie, quasiment dans l’anonymat . Il avait 70 ans au moment de disparaître des suites d’une longue et pénible maladie , qui aura fini de l’éloigner de l’univers artistique et médiatique depuis plusieurs décennies. Le décès dans la quasi-indifférence de cette ancienne fierté camerounaise dans le cinéma et la musique français a surpris tout le monde où presque au Cameroun, y compris nous du festival Écrans Noirs dont la 26e édition s’est déroulée à Yaoundé du 1er au 08 octobre dernier, alors que MOMO mourrait le 7 .
J’ai rencontré Momo une fois lors d’un festival de Cannes à la fin des années 90, mais depuis il ne me semble pas qu il ait été actif dans l’univers artistique où on plonge vite dans l’anonymat dès qu’on ne preste plus. Je regrette très sincerement de n’avoir pas été au parfum de ce dénouement malheureux du 7 octobre, moi et toute l’equipe des Ecrans Noirs avec, alors que nous célébrions les grandes œuvres de plusieurs créateurs camerounais et africains. C’est que, le silence ou alors la trop grande discrétion sur le cas précis de Momo Joseph , avait déjà comme plongé tout le monde dans une amnésie totale par rapport à ses œuvres multiples et majeures de l’époque.
UNE PRODUCTION NON NÉGLIGEABLE
La parcours de sa biographie que nous rappelle si opportunément Arol Ketch, révèle que Momo Joseph, né à Baleveng à l’Ouest-Cameroun en 1952, fut un autodidacte qui ne savait ni lire, ni écrire à son arrivée en Europe. À force de travail et de détermination,il est pourtant devenu un acteur assez sollicité à un moment . Il a joué aux côtés des grands noms en France comme Philippe Noiret, Catherine Deneuve, Jean Rochefort, Mathieu Kassovitch. Clando( 1996), La Haine(1995), Diên Biên Phu( 1992),Sauve-toi(1986),Lola,l’amour ou presque (1985), L’Arbalette (1984), Canicule (1983), l’Africain (1982),Pour cent briques (1982),T’as plus rien (1980), Rendez-moi ma peau, T’inquiète pas ça se soigne ( 1980), La légion saute sur Kolwezi ( 1979), L’État sauvage (1978),Le Crabe-tambour(1967),etc , autant de titres prestigieux dans lesquels aura évolué Momo.
Acteur talentueux, mais chanteur aussi, Momo Joseph s’était fait remarquer dans la funk et l’afro-boogie, se produisant avec son fameux groupe musical “le Podem” . Il nous a ainsi laissé quelques albums dont Chou chou, Oh Momo,Love Africa Soul,War For Ground,etc .
Son retrait prématuré des scènes artistiques et sa disparition totale des plateaux médiatiques ,il y a plus de deux décennies, ont favorisé une certaine indifférence à l’occasion de son décès récent.
Il n’en demeure pas moins que si son décès et ses obsèques n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière dans les médias, ses oeuvres artistiques parleront pour lui à jamais .
Ecrans Noirs souhaite très vivement que la terre lui soit légère, et s’emploiera dans les prochains mois ou à la prochaine édition du festival à offrir au public une rétrospective de l’œuvre de cet acteur à qui ses prestations survivront perpétuellement, consacrant ainsi la victoire de l’artiste sur la mort.
Bassek Ba Kobhio
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